FILIATIO. origine latine de filiation
Sous ces vêtements-là, parures d’antan ou costumes d’enfant,
Je médite et affronte la mémoire dont j’hérite.
Drapé dans le tissu de ma filiation,
Troué des illustres lueurs de vos couronnements,
Moi, dont la jeunesse s’endeuille de vos mortes saisons,
Je frappe au tombeau des siècles pour y graver mon nom.
Une discussion avec ma grand-mère a ouvert la voie à cette série photographique.
Une allusion au goût prononcé de mon jeune cousin de 19 ans pour la mode vestimentaire, au soin qu’il prenait depuis peu à s’habiller. Ces mots ont fait écho à mon désir d'offrir un point de vue sur la filiation et à la mort récente de notre grand-père. Archibald et Jean-Louis, que 76 ans séparent. Ces considérations m’ont donné envie d’interroger mon rapport et celui des personnes de mon entourage à leurs grands-parents, à l'iconographie réelle ou fantasmée que l'on se fait d'eux, à travers le médium photographique.
J’ai imaginé un instant mon cousin, posant, plein des songes de l’adolescence achevée, revêtu des habits de notre grand-père. La rencontre de deux intimités dans des lieux consacrés : l’atelier, la chambre, la ruine où jadis, Jean-Louis habitait, le bois centenaire qu’il a entretenu pendant 30 ans, la coquette salle de bain de notre grand-mère.
Et puis Archibald portant ses habits à lui, assis au bureau de Jean-Louis, là où ronronnent les archives de la famille. S’approprier une généalogie, un héritage, une histoire.
Ce projet n’a pas pour vocation à comparer ou hiérarchiser les époques mais invite à se servir du vêtement comme d’une passerelle vers la rêverie, d’un pont entre deux femmes, deux hommes, issus de deux mondes différents.
L ’enfant fait du vêtement un costume et l’adulte en fait une jonction, une méditation.