ATCHAFALAYA, BAYOU BLUES


Note d'intention


Le monde murmurant des bayous de Louisiane nous happe lors d’un premier voyage en 2018. D’abord par sa géographie en dentelle, gangrenée par les eaux saumâtres de ses innombrables marais, son mysticisme, son atmosphère humide, dense, mais surtout par l’histoire et les traditions de ses habitants : les Cajuns. Cet univers nous raconte une autre Amérique et nous plonge dans les rebondissantes aventures de leurs ancêtres Acadiens, chassés du Canada par les anglais lors du Grand Dérangement de 1750. On y découvre le monde d’une communauté qui vit depuis toujours de la culture des marais et doit sans cesse composer avec un environnement farouche, dont l’écosystème est aujourd’hui en danger.


À l’hiver 2020, nous revenons conter le quotidien des cajuns installés le long des rives de l’Atchafalaya river, le plus grand bayou des Etats-Unis. Les attitudes et les corps de ceux que nous rencontrons sont marqués par le labeur et l’âpreté de la vie dans les marais où le climat est instable. Les cajuns n’y pêchent et n’y chassent plus que pour alimenter la population locale, il est impossible de concurrencer avec la grande distribution, la mondialisation, la modernité.

Dans les petites villes, berceaux de la culture cajun, comme Henderson et Stephensville, le lien social puissant entre les habitants se fait le tuteur d’une culture menacée d’être engloutie par l’infernale machine américaine qui uniformise et homogénéise tout. On entend encore chez certains les accents d’une langue ancienne, mélange de vieux français et d’acadien. Dans les campagnes on célèbre Mardi Gras, on joue et danse le Zydeco avec la même ferveur que les anciens. Les cajuns résistent, fiers d’avoir une identité unique à revendiquer, une histoire à entretenir et transmettre.


Au fil des rencontres et du temps passé avec eux, les liens qui les unissent se révèlent et nous permettent de dessiner le visage de cette communauté solidaire en vase clos.

Notre amitié et complicité intellectuelle alimentent notre désir de réaliser ce projet documentaire ensemble. Nous prenons le pari d’associer nos regards photographiques afin de donner toute la résonance possible aux multiples facettes de ce territoire : Juliette, en argentique noir et blanc, Édouard principalement en numérique couleur.


À travers une narration photographique empreinte de déambulation, d’errances, de partages et d’échanges « Atchafalaya » raconte le lien viscéral que la communauté aguerrie des cajuns de Louisiane entretient avec un territoire têtu en constante évolution.


Ne sont présentes dans la série suivante, que les photographies que j'ai réalisé en argentique noir et blanc.

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